5 QUESTIONS A… Kliment Nemet
A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Le Livre des Non-Livres aux Editions LeS dOiGtS bLeUs (2016) nous avons pu envoyer cinq questions à Kliment Nemet, auteur. Cet entretien à longue distance est historique quand on connaît sa vie de baroudeur.
« Né il y a une trentaine d’années quelque part entre l’enfer et Long Island, Kliment Nemet trotte le globe a la poursuite de belles images, de bons jeux de mots et du bonheur. Après plusieurs années passées dans le milieu de l’édition, il a écrit ce livre des non-livres regroupant des couvertures et critiques de livres qui existent presque. Toute ressemblance avec des ouvrages existants est regrettable mais probable. »
1) « Né quelque part entre l’enfer et Long Island », « Vu dans une maison de thé russe à Coney Island »… êtes-vous un globe-trotter new-yorkais ?
C’est marrant que tu m’poses cette question. Au départ j’étais juste un paumé qui avait pris le large. Petit à petit, j’me suis tassé, décanté, accepté. J’suis devenu un new-yorkais en vadrouille. Un gentleman-voyageur. Un trotteur de globe. C’est moins extraordinaire mais c’est plus agréable. J’aime bien quand mon yin me frotte le yang. Ralex dit que j’me suis embourgeoisé, ça fait mal de l’accepter mais c’est peut-être ça. Maintenant j’utilise le même sachet de thé une seule fois, je m’autorise à regarder toutes les pages des magazines, même les plus chères, je discute sans compter les heures, je dis que j’viens de New York alors que j’y suis arrivé à l’âge de deux ans. Bref oui, ça y est, maintenant je suis un globe-trotter new-yorkais.
2) On vous connaissait pour vos albums photographiques (Solitudes et Friscology), vous nous offrez pour Noël 2016 ce Livre des non-livres, comment peut-on encore vous croire ?
Je ne sais pas. Je ne me crois pas souvent moi non plus. Tu sais je suis né à Long Island, c’est-à-dire au beau milieu d’un mensonge, donc comment pourrais-je transpirer la vérité ? Long Island n’est pas une île, c’est juste un nom, il est grand temps que les gens le sachent. C’est comme si je m’appelais Georges le sadique et que je n’étais même pas cruel. Tu me demandes comment on peut encore me croire, moi j’aimerais savoir pourquoi on a tant besoin de croire. L’autre type disait « je pense, donc je suis », moi j’ai envie de dire « j’me fous que tu suives, par contre dis-moi à quoi tu penses baby, ça ça m’intéresse! ».
3) Ecrire un « Livre des non-livres » pour un personnage de fiction c’est le comble ?
Non, le comble c’est d’être un crayon à papier et d’avoir mauvaise mine. Je suis plutôt content d’avoir écrit ce livre. Ca m’a permis de rencontrer des gens choubidou comme toi. Tu fais quoi après l’interview ?
4) « Ce millimètre entre la réalité et la fiction, il faut tout faire pour le cultiver, l’étirer, l’agrandir » c’est exactement l’ambition du Musée du Fake ! Vous venez quand à Tianducheng ?
J’ai pris rendez-vous pour mercredi en huit. J’espère qu’ils aiment les sablés parce que j’en ai acheté une grande boîte. Je trouve cette ville magnifique, sur le papier en tout cas. Je me demande s’il s’agit juste d’un nuage dans un pantalon, ou si derrière les façades il y a des murs, des portes, des secrets. Je me demande si cette ville a des tatouages, des cicatrices. Je me demande à quoi elle pense le soir.
5) Votre motto est « It doesn’t matter much what you look at but when you look what you see ». On a affiché cette phrase à la cantine des employés du Musée du Fake tous ne comprennent pas ! Vous nous expliquez ?
Ce qui compte ce n’est pas ce qu’on regarde mais comment on le regarde. Si tu regardes la lune avec tristesse, tu verras une lune triste, si tu la regardes avec joie, tu la verras joyeuse. Il y a tellement de gens qui se demandent ce qu’il faut faire, ce qu’il faut être, alors que la vraie question est comment. Je ne suis peut-être qu’un personnage de fiction, mais j’ai fait frissonner plus d’un cantinier dans ma jeunesse et là aussi, tout était dans le comment.
Le livre sur le site de l’éditeur.
Ses précédents livres de photographies : Solitudes et Friscology.
Kliment around the world, le carnet blog de l’auteur, traduit par Ulrika Spiess.