A la recherche des « Cités obscures »

Ortelius Mercator, Directeur du Département Cartographie du Musée du Fake nous signale la mise en ligne de deux voyages sonores entre réalité et fiction, basés sur la série de bandes dessinées Les Cités obscures de Benoît Peeters et François Schuiten.

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Première étape du voyage sur France Culture : « A la recherche des Cités obscures, passage entre deux mondes. » (58′).

Catherine Liber, productrice à France Culture raconte :

« En 1983, les explorateurs Benoît Peeters et François Schuiten reviennent sains et saufs d’une expédition à travers le continent des Cités Obscures. Ce monde lointain et relativement inaccessible, ils nous le décrivent d’abord comme un reflet décalé de la Terre. Un monde où les villes représentent la forme ultime d’organisation sociale. Un monde radicalement urbain, avide de connaissance, de mobilité et de progrès, mais cependant préservé des excès de la technologie moderne. Malgré l’évidente véracité de leurs observations de terrain, malgré la profusion de notes et de croquis qu’ils brandissent comme preuves, peu de gens prennent encore au sérieux leur aventure. Obsédés par des souvenirs extrêmement vivaces, déterminés à jeter toute la lumière sur ces cités obscures, ces deux hommes ont accepté de nous emmener sur les traces de leur voyage, à Paris et à Bruxelles…

Pour aller plus loin, pour vérifier les rumeurs et étayer les preuves, nous avons aussi consulté un écrivain insulaire, un géographe illuminé, un musicien connecté au monde parallèle et un explorateur ésotérique. Ouverts aux possibles et à l’imaginaire, munis d’une carte que nous avons retrouvée dans les archives de l’IGN, nous sommes partis à la recherche des passages entre notre monde et l’autre monde. Ces univers sont-ils l’un sur l’autre ? Pour le savoir, nous avons emprunté des escaliers, des trappes, des tunnels. Sont-ils au contraire presque juxtaposés, accessibles grâce à un simple “pas de côté” ? Suivant cette piste là, nous avons alors expérimenté des trompes l’œil, des zones blanches et des obscurités, des mirages acoustiques et des évidences trompeuses. Au fil de ces rencontres étranges, nous avons cru approcher “Brüsel”, “Urbicande”, “Samaris”. Et le sentiment, prégnant, de toucher du doigt les rivages d’un continent pas si lointain. Alors, peut-être sommes nous réellement passés ? Mais peut être n’en était-ce que l’écho… »

Maquette de la ville de Brüsel, par Benoît Peeters & François Schuiten.

Puis seconde étape, toujours via France Culture : « Voyage au coeur de la carte » (58′).

« Le continent des Cités obscures est-il accessible par des moyens normaux ? Où trouver un passage vers ce territoire encore méconnu ? Comment une équipe de tournage radiophonique pourrait-elle en rapporter des enregistrements fiables et crédibles ?

Confrontés à des impasses et trop de fausses pistes, nous avons remisé nos bagages et décidé de plonger au cœur de la carte des Cités Obscures. Un document rare et précieux, conservé dans les réserves secrètes de la cartothèque de l’Institut géographique national, quelque part entre les plans du savant hollandais Ortelius et les astrolabes arabes.
Sur le papier, les noms des villes résonnent comme autant de sésames vers un autre réel. « Calvani », ville horticole et miroitante, nous a délivré des leçons de sagesse écologique. « Alaxis », ville des plaisirs hédonistes, nous a paradoxalement permis de découvrir le destin tragique de Mary Von Rathen, un des plus illustres citoyennes obscures. Plus loin, après avoir traversé le désert des Sommonites à bord de véhicules hétéroclites, nous avons pris connaissance des évènements dramatiques qui ont bouleversés la grande cité d’ « Urbicande ». Suivant les conseils de voyageurs avisés, nous avons collecté des récits sur « Samaris », la ville-leurre, la ville orientale et carnivore, endroit fascinant et traitre posé sur l’équateur obscur, au bord de la Mer des Silences.

Au fur et à mesure de notre équipée au cœur de la carte, des figures fortes accompagnaient nos ahurissements : l’inventeur Axel Wappendorf, l’urbatecte Eugène Robick, l’officier Frantz Bauer, les autochtones à visage plat de la jungle septentrionale. Mais nous n’avons pas vraiment pu entrer en contact avec eux, incertains de nous même, troublés par les reflets du miroir qui éclaire ce monde.

Ce séjour imaginé dans les villes-mondes des cités obscures fut presque toujours troublant. Jusqu’à en perdre tous repères, jusqu’à se demander s’il ne suffit pas d’y croire, pour recevoir un jour un message, un signal, une preuve. C’est ce qui nous est finalement arrivé, par l’intermédiaire d’une lettre. Bon voyage… »

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Signalons aussi l’exposition actuellement à la Cité de l’Architecture & du patrimoineRevoir Paris, des mêmes deux explorateurs urbains :

exposition

Exposition temporaire « Revoir Paris » du 20 nov 2014 au 9 mars 2015.

Si comme nous vous aimez les cartes, faites un tour sur notre fameuse « Carte du Fake » et zoomez pour constater que le Fake est déjà autour de nous partout dans le monde.

 

EXPOSITION / Tiki Pop : l’Amérique rêve son paradis polynésien

Affiche Tiki Pop

Pour vous mettre dans l’ambiance mettez cette playlist en fond sonore : http://www.deezer.com/playlist/901284295

Le Musée du Quai Branly (Paris) propose l’exposition Tiki Pop, l’Amérique rêve son paradis polynésien.

Qu’est-donc qu’un « Tiki » ? « Une figure mi-humaine, mi divinité. Il serait le premier humain et aurait créé les hommes. Il est considéré comme un esprit protecteur. On en trouve à Tahiti (sous le nom de ti’i) et en Nouvelle-Zélande, mais leur statut y est plus flou. »

L’expo du Musée du quai Branly raconte la fascination pour les îles du Pacifique (« le Paradis des Mers du sud »), ainsi que la création d’un mythe absorbé par la culture « pop » -populaire- américaine au lendemain de la seconde guerre mondiale.

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L’exposition au design en parfaite adéquation avec sa thématique rassemble plusieurs centaines d’objets qui raconte comment dans la société puritaine des fifties a pu naître un mouvement populaire et artistique. Tout d’abord sur la côte Ouest puis Est jusqu’en Floride dans les années 60.

Vous pouvez découvrir dans cette exposition des livres, affiches de cinéma, photographies, maquettes, extraits de films, objets provenant de bars à cocktails, restaurants, motels, parc d’attractions … collectés par des « archéologues urbains ».

La société de décoration d’intérieur Cheeky Tiki  a même reconstitué un bar paillote tiki où ne manquent que les cocktails (tous à base de Rhum alors que cet alcool est originaire des Antilles pas de Hawaï !).

Bar TikiPop

En parcourant Tiki Pop on comprend mieux la construction des images stéréotypées du Pacifique : la vahiné tahitienne (soi-disant qui s’offre aux marins, fantasme des premiers explorateurs), les palmiers, les îles, les huttes, les instruments comme le ukulélé, les fruits exotiques, et surtout les idoles (les fameux tikis en bois). On y découvre de nombreux extraits de livres et films à re-découvrir. Enfin on y apprend pourquoi la génération des années 60 à remis en question le tiki style jugé néocolonial, sexiste et raciste. Dans les années 1980 la plupart des bâtiments n’existent plus, restent les bars comme les deux TongaHut en Californie ou plus récent le Tiki Lounge à Paris !

Site du Quai Branly

FB géré par le commissaire de l’exposition & archéologue urbain Sven Kirsten

Le catalogue de l’expo chez Taschen